Putain de covid- Episode 2

Publié le par Christiane Valdy

Putain de covid, putain de société

On en est ici au 28 ième mois de la pandémie. Toutes mes habitudes chamboulées, plus d’amies si ce n’est par whatsapp ou téléphone, plus de ciné, plus de vie associative, très peu de café-restaurant, le retour de ma fille dans la maison familiale, plus de voyage, même si ici on pourrait.

Ici, c’est le Costa Rica qui a gardé les frontières grandes ouvertes aux touristes. L’économie ressemble à de la prostitution. Ouvrir les frontières, ouvrir les jambes pour le fric. Mais il faut bien que les milliers de gens vivant du tourisme puissent bouffer. Il n'y a pas d'assurance chômage. Alors les touristes entrent, débarquent sans test, visitent plages et volcans à grande vitesse en 10 jours, prennent mille photos, répandant au passage quelques liasses de dollars  avec quelques variants du virus.

San José est devenue encore plus une ville sombre et accablée. Rideaux métalliques baissés. Panneaux "Se vende", " Se alquila", "se vende".- Les petits commerces n'ont pas résisté. Une sensation mortuaire règne dans les rues. Les "petits" souffrent pendant que les grandes surfaces font le plein.

Vie morose. Seules les visites de mes fils, belles-filles et de ma petite-fille coupent un peu la monotonie de la vie à trois. Nous sommes tous vaccinés. Nous pourrions sortir, mais on "fait attention."

Oui, on est tous vaccinés, même ma petite-fille.

À 14 ans, à l’âge des premières bières et clopes en cachette, se sentir « grande », c’est se faire vacciner Pfizer comme les grands, une des premières sans doute dans le monde à son âge.

Tous pro-vaccins malgré les doutes. Des débats sur le passe sanitaire, on est presque tous en bloc contre, sauf un orthodoxe, sinon il n’y aurait pas de débat.

Puis voilà, il y a 10 jours, mon mari (je déteste ce mot) s’est enrhumé.

Il éternuait bruyamment, et l’éternuement se concluait sous nos rires toujours par « Ah la puta ! », comme un tic-réflexe. Ma fille était en enseignement à distance, le « Atchoum, Ah la puta », ses élèves avaient dû l’entendre…

L’idée n’est venue à personne – on est vaccinés Pfizer – de penser à la covid.

Le dimanche suivant, repas de famille et anniversaire de Gioconda. De bon matin je prépare le gâteau au chocolat, recette ancestrale, un super gratin dauphinois et un filet de bœuf au four.  Tout est prêt pour se régaler, table mise.

Le premier arrive : « Papa est enrhumé ? Il s’est fait le test ?

- Non .

- Alors on repart !

- Mais on est vaccinés, ce n’est qu’un rhume, et moi je n’ai rien ! »

Je surprends un regard de ma belle-fille, des yeux pas sympas du tout… j’ai compris.

Ils repartent.

Mon second fils arrive avec sa femme et ma petite-fille: « Il est malade ?

- C’est un rhume presque fini.

- Tu aurais dû nous dire de ne pas venir. On n’a la seconde dose que jeudi.

- Bon on mange dehors sur la terrasse, croisons les doigts qu’il ne pleuve pas. Memo mangera sur la table à l’entrée, devant la télé. »

Pas de bises, pas d’embrassades, chacun s’alcoolise les mains et les bras.

Le repas est, sans fausse modestie délicieux. Cent pour cent culinairement réussi ! On ne peut pas dire pareil de l’atmosphère. Mais au moins ils sont contents du repas.

Cami, le soleil de la vie, trouve tout "delicioso". .

Et chacun rentre chez soi, puis il se met à pleuvoir des cordes, comme d’habitude !

Le lendemain, tout est ok. Le rhume de Memo est fini, je vais à la piscine. Là, en nageant je suis prise de douleurs dans les orteils, des espèces de crampes. Une crise de goutte ? J’ai dû trop manger de viande hier.

Inhabituellement, en rentrant, je me couche, et au réveil vers midi, le nez qui coule, des nausées. Je ne me sens pas bien.

Je prends les commandes, et dit à Memo. « On y va. »

Il pleut des seaux d'eau. Je n’y vois rien en conduisant. Il serait temps qu’ils inventent des essuie-glaces pour pluies tropicales. On aperçoit quand même le laboratoire. 

Alcool dans les mains, une flaque d’eau, des traces de pas boueux par terre sur un sol miroir, luisant de propreté. La honte :  j’ai oublié de changer de chaussures, celles que j’ai aux pieds sont dégueulasses.  

On explique, on paie, et on nous met un bâtonnet dans le nez. Résultats pour le lendemain.

Le lendemain, toujours mal aux orteils, je les bouge mais ils me semblent paralysés, mal au crâne et rhume.

Les résultats arrivent. D’abord ceux de Memo puis les miens. Positifs. Coups de massue.

Alors j’envoie des messages whatsapp aux personnes rencontrées la semaine avant -pas grand monde seulement 3, et pas longtemps – plus la famille  le dimanche : 5, et ma fille.

Et là, colère.

Putain de Pfizer, ça ne sert à rien ce vaccin à la noix !

Puis seconde colère. Le centre de santé téléphone à Memo qui blablabla pendant près de 40 minutes. Les ordres d’isolement sanitaire arrivent à son mail, Marianne et moi comme personnes contacts, avec ses dates à lui. Dix jours, c’est fini, on pourrait sortir. J’hallucine. Tout en fonction du mec de la maison, la maladie, les dates, les lettres de la CCSS, et du centre de santé de notre zone.

Furieuse de tant de machisme, et d’incompétence, je téléphone, lignes occupées, alors j’écris au Ministère de la santé. On est deux personnes distinctes. Certes on est mariés et on vit sous le même toit, mais 1-on vit au XXI siècle et la notion de « chef de famille » n’existe plus, en tout cas pas dans notre groupe familial.  Et 2- Mes symptômes ont commencé 8 jours après, et ce n’est pas parce qu’il est guéri que je dois l’être, au contraire, mon covid commence.

Si vraiment il y a quelque chose que je ne supporte pas, c’est être femme invisible, femme burka, ou être considérée comme « la femme de », la « otra", comme c’était écrit sur le contrat d’achat de la maison ». Ça me rend furieuse, hors de moi, moi qui n’ai jamais dépendu de personne depuis le jour de ma majorité.

Marianne furieuse aussi. Elle me ressemble. Elle va se faire tester. Négatif. Soulagée.

Enfin, on me téléphone. On me parle à moi. J’existe. Questionnaire, conseils. Les  ordres sanitaires pour ma fille et moi seront adressés à nos courriers personnels. Ils ont compris.

Masques dans la maison, chacun dans des pièces séparées, 6 désinfectants aérosols – désolée pour la couche d’ozone - déversés en trois jours.

Toujours mal aux doigts de pied, mal au crâne, à la gorge, le nez qui coule, fatigue, déprime.

Colère.

Une grippe certes, mais une sensation différente, l’impression que tout peut basculer.

À côté de l’ordinateur, la bouteille d’alcool en gel, l’oxymètre et le thermomètre pistolet, made in China.

Colère contre la Pfizer, putain de vaccin qui ne sert à rien. Des menteurs

Colère contre les gouvernants. À force de les entendre mentir, on ne les croit plus.

Vaccinez-vous ! vaccinez-vous, ils gueulent aux réfractaires du vaccin.

Pourquoi ils ne le disent pas ? Pourquoi ils n’avertissent pas ?

Moi qui n’ai jamais gagné à la loterie, j’ai gagné celle de la covid.

Colère, colère, colère.

Jour 3. Plus d’odorat.  Je me brûle les narines en respirant du zepol que je ne sens pas. Fatigue.

Jour 4. Plus de goût. Les haricots verts sont du caoutchouc. Seulement la sensation du chaud, du froid, de la texture, du salé, du sucré et du brûlé en mangeant du pain grillé. Je ne sens plus le piment. C’est rigolo de verser une cuillère de piment dans la nourriture et d’avaler sans s’étouffer.

Jour 5, le soir. L’oxymètre devient fou. 87.

Je respire fort, inspiration - expiration. Il remonte. 91 - 92. Ouf. Il doit être détraqué. Made in China. Je n’ai plus confiance en rien.

Jour 6.  Toujours mal à la gorge. Ras le bol.

Jour 7 – Moins fatiguée puisque je suis en état d’écrire des conneries, en attendant la suite.

Publié dans Famille-perso

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