Présentation de Sophie, des mots qui touchent

En décembre 2009, je présentais un livre, un livre écrit en une semaine , un livre pour me vider du passé.

C’était à l’Alliance française. La grande salle était pleine.

Mes deux fils et ma fille, toutes mes amies et collègues de travail étaient là pour me soutenir. Même Memo qui avait édité le livre. 

Grande émotion.

Sophie, et Gabriel ont pris la parole.

Présentation de Sophie

Tout d’abord, merci Christiane pour la confiance que tu m’as donnée en me faisant lire avant sa publication ce livre qui m’a beaucoup émue et en me demandant de participer à sa présentation.

Environ un mois après le décès de son père, Christiane me confie qu’elle avait été très abattue par des tensions avec un de ses frères au sujet de l’héritage de ses parents, ces tensions qui, trop souvent dans les familles, entachent et rendent plus douloureux les processus de deuil. Puis elle ajoute qu’au cours de ses nuits d’insomnie, elle s’est mise à écrire un livre sur elle et sa famille, et cela l’a soulagée. « Je n’ai pas eu besoin d’aller chez le psy, a-t- elle commenté, ça a été ma thérapie ».

Quelque temps après, en lisant le manuscrit, je découvre une véritable autobiographie enracinée dans des souvenirs qui depuis l’enfance ont forgé Christiane telle qu’elle est aujourd’hui. Dès les premières lignes, son récit nous transporte vers ces lieux emplis de senteurs, de couleurs, sa Provence natale, évoquée avec tant d’amour, vibrante comme dans les récits de Pagnol ou les tableaux de Van Gogh.

Le récit de Christiane, c’est aussi  le témoignage d’une époque, d’une génération, celle du Baby-boom, marquée par l’enfance choyée et l’adolescence révoltée. Mais chez Christiane, l’âge de la révolte ne reste pas confinée dans les évocations passéistes des frasques d’étudiants soixante-huitards. Chez elle, la révolte est deux fois plus ardue à mener, car en tant que femme, et à ce titre, elle fait partie avec ses comparses, des initiatrices d’un processus de libération dont nous les générations suivantes allions bénéficier. Mais de plus, chez elle, elle est la seule fille, coincée entre deux garçons au sein d’une  famille écrasée par la personnalité autoritaire de la figure paternelle. Lorsqu’elle découvre cette liberté nouvellement conquise, elle est prête à tout pour la conserver. Elle refusera toute concession, allant jusqu’au bout de ses idéaux, payant cher parfois les conséquences de ses choix, bannie un temps par les siens. Mais ceci ne l’empêche pas, bien au contraire, de vivre intensément des expériences uniques et originales, de sillonner le monde en baroudeuse, sac à dos, entraînant son fils bambin Frédéric  dans ses aventures, et de devenir plus tard, citoyenne du Costa Rica … et du monde.

Et c’est ce même besoin de préserver sa liberté qui l’amènera, plus récemment à surmonter de vieilles rancœurs  révélées par les problèmes d’héritage, à passer outre aux mesquines querelles de famille pour retrouver, par le biais de ce récit, l’authenticité de ses origines , l’ héritage véritable de son essence,  de ce qui constitue son identité propre.

Ma fille Léonor m’a avoué qu’en lisant ce livre, elle avait pleuré, émue par l’authenticité de son témoignage. En effet, je crois que, plus que des biens, ce récit est le meilleur legs que Christiane  peut donner à ses enfants, le plus précieux des cadeaux.  Voici celle que je suis, telle qu’en moi-même. Christiane, sa transparence, son franc-parler, ses colères, sa tendresse immense, sa soif de liberté, son humour et sa gaieté avant tout… Sacré Christiane, tu ne finiras pas de nous étonner !

Sophie Féral, San José, Costa Rica,  8 dec 2009